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RELIER, 25 ans de pratiques pour tenter de répondre aux enjeux de notre société

 9 avril 2009

« Un engagement face aux enjeux de notre société »

Comment agir dans notre société aux multiples enjeux environnementaux, économiques, sociaux ? Comment travailler ensemble, au-delà de nos statuts, de nos conditions et choix de vie, pour être à la fois critiques et capables de proposer d’autres modèles que ceux de la compétition, de la concurrence, de la consommation, de la croissance ? Quelles formes prend cette implication citoyenne, où initiatives personnelles et collectives doivent faire bon ménage ? Quelle place occupe notre association dans l’espace et le débat publics et quelle est son utilité ? Une partie des réponses à ces questions se trouve dans nos 25 ans de pratiques.

« De l’agriculteur atypique à l’entreprise agrirurale »

L’association RELIER a été créée pour favoriser les rencontres entre des agriculteurs qui empruntaient d’autres chemins que ceux de l’agriculture intensive. Contestant le modèle productiviste, ces paysans ont inventé des systèmes de production plus respectueux des personnes et de l’environnement et leur permettant de vivre sur de petites surfaces. L’exploitation rurale, terme proposé par RELIER pour caractériser les pratiques de ces paysans innovateurs, articule avec cohérence activités agricoles et activités rurales (vente directe, accueil, services…). Les nombreuses rencontres organisées par l’association ont permis à ces agriculteurs de se forger l’identité nécessaire à l’affirmation de leur originalité. Ensuite, l’essaimage de ces pratiques a contribué à la mise en place d’un cycle de formation d’exploitants ruraux et à l’évolution des formations professionnelles dans certains établissements du ministère de l’Agriculture.

« La vente collective, un enjeu pour le maintien d’une agriculture paysanne »

Un autre grand chantier a occupé RELIER au début des années 90 : la vente directe des produits fermiers. On sait que le développement des exploitations rurales et leur réussite économique nécessitent une bonne maîtrise de la fonction commerciale, souvent coûteuse en temps : ainsi a commencé la réflexion sur la vente collective. L’action de RELIER a permis la création d’une vingtaine de magasins (essentiellement en Rhône-Alpes) liés par une charte, où les producteurs s’organisent pour vendre leurs produits.

« Les enjeux de l’accès au foncier et au bâti pour les porteurs de projets »

Vers la fin des années 90, RELIER aborde le problème de l’accès au foncier bâti et non bâti. L’installation agricole sur des systèmes innovants de type exploitation rurale est très souvent contrariée par la spéculation foncière. L’acquisition de terres pour des personnes extérieures au monde agricole et qui ne sont pas de riches héritiers est très difficile, la concentration des terres se faisant généralement au bénéfice des agriculteurs déjà en place. Après une longue période de gestation, l’association Terre de Liens est créée en 2005 : elle propose de changer le rapport au foncier en valorisant les dimensions collectives et solidaires pour l’accès à la terre et sa gestion. Nous retrouvons le fil rouge de notre action dans les derniers chantiers ouverts par RELIER : chercher des solutions aux obstacles rencontrés pour vivre à la campagne. Si nous militons pour l’installation de nouveaux habitants en milieu rural, encore faut-il leur proposer un toit, un vrai défi à relever dans la plupart des régions où la spéculation sur le bâti fait rage. RELIER s’est donc engagé à animer une réflexion profonde sur l’habitat en milieu rural en organisant des rencontres, en communicant autour d’expériences d’habitat alternatif réussies, et en proposant des outils méthodologiques favorables à la coopération entre acteurs.

« La culture, élément indispensable d’un milieu rural ouvert et vivant »

Enfin, la culture est au cœur du développement économique, social et humain des espaces ruraux. Elle est devenue aujourd’hui un véritable outil de médiation capable de dynamiser l’évolution de ces territoires. C’est autant pour accompagner l’habitant dans sa recherche d’une vie culturelle dense et propre à son lieu de vie que pour faciliter des pratiques artistiques souvent itinérantes que RELIER poursuit ce chantier initié en 2002.

« décloisonnement et ouverture au coeur des méthodes de travail »

RELIER n’a pas de solution toute faite en réponse aux problèmes rencontrés par les ruraux, mais l’association sait repérer des expériences significatives qui peuvent servir d’exemples et être adaptées localement. C’est donc à partir des enquêtes, des visites de terrains et des rencontres nationales que se construisent analyses, expérimentations et propositions. Le travail est toujours conduit avec d’autres partenaires : associations, élus, chercheurs, artistes, architectes, techniciens, agents de développement et animateurs, personnels des services décentralisés de l’Etat, agents des collectivités territoriales…, faisant de RELIER un espace de convergence d’individus et de collectifs partageant des valeurs communes : résistance aux solutions imposées, respect de la parole de l’autre et de sa pratique, importance du croisement des regards et des points de vue, solidarité… Ces valeurs fondent une culture partagée.

« L’éducation populaire comme outil d’autonomie »

Association d’éducation populaire, RELIER souhaite contribuer à la responsabilité et l’autonomie des personnes. C’est pourquoi, une fois mûries au sein de RELIER, les actions ont vocation à s’autonomiser et à quitter le giron de l’association. Ce fut le cas pour la formation des exploitants ruraux avec la création d’ASFODEL, pour la vente collective des produits fermiers avec la création d’une organisation autonome, pour l’accès au foncier avec TERRE DE LIENS, et sans doute demain avec des initiatives sur l’habitat et la culture… Ainsi, RELIER subit régulièrement des cures d’amaigrissement !

« La légèreté comme gage de durabilité »

Quant à son mode de gouvernance, RELIER a choisi un modèle horizontal avec une approche transversale, globale et décloisonnée. Petite structure légère, son centre administratif, aujourd’hui à Saint-Affrique, se déplace au gré de l’ancrage social et géographique des hommes et des femmes qui animent ses travaux. Cela lui donne souplesse et réactivité. Cette volonté de travailler en équipe réduite a pour effet la recherche constante de nouveaux partenaires. Membre du mouvement Peuple et Culture et du réseau CELAVAR, RELIER, à sa manière et modestement, perpétue les valeurs de l’éducation populaire avec l’ambition de permettre à chacun de prendre du pouvoir sur sa vie, de créer un sentiment d’appartenance à des réseaux solidaires et de renforcer la citoyenneté.

Jean Le Monnier, Président de RELIER

Bertrand Menguy, membre du CA de RELIER

Article publié dans la lettre d’info RELIER d’avril 2009

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