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L’habiter en question, se loger pour construire

 7 janvier 2009

La flambée des prix de l’immobilier et du foncier dans tous les territoires ruraux français limite leur attractivité pour d’éventuels créateurs d’activités rurales, lesquels n’ont généralement plus les moyens d’acheter, ni même de louer, leur logement et outil de travail. Ce manque de logements accessibles réduit fortement la vitalité des territoires, et l’innovation en matière d’habitat devient une réelle priorité. Innovation rendue tout aussi nécessaire par les graves problèmes écologiques auxquels est confrontée notre société. Il faut ainsi s’interroger autant sur les modes d’accès à l’habitat que sur les modes de construction à venir : pavillons individuels ou habitat collectif ; constructions écologiques ou maisons « Phœnix » ; propriété individuelle ou collective ?

Au niveau national comme au niveau local, la confrontation des réflexions, le repérage, la collecte et la diffusion de bonnes pratiques, les réalisations d’outils, doivent faciliter l’émergence de projets novateurs et adaptés à la diversité des territoires, et permettre aussi une avancée des politiques publiques. De nombreuses expérimentations innovantes ont été repérées, associatives (Éco-lieux, Maisons partagées, Accès collectif et solidaire au foncier...), coopératives (Habitats coopératifs, Habitats solidaires...), communales ou intercommunales (Hameaux HLM, Éco-lotissements, Hameaux durables, Réserves foncières...). Il existe aussi, ça et là , des initiatives, privées et publiques, qui recherchent des modes d’habiter qui remettent en question le sens et l’utilisation de la propriété et de sa transmission.

Dans la plupart des initiatives, les acteurs utilisent l’auto-construction, ce qui leur permet de partager leurs compétences et d’en acquérir de nouvelles. Mais la construction d’un bâtiment demande de nombreuses connaissances et compétences différentes, rarement maîtrisées par un seul individu, ou même par un groupe. Le temps que prennent les démarches administratives est un temps d’auto-conception qui permet de définir les travaux réservés à l’auto-exécution et ceux confiés à des entreprises, ou à des réseaux disposés à s’investir ponctuellement dans le projet . L’auto-construction n’est pas qu’une solution pour résoudre des problèmes de logement en cas d’urgence ou de désir original personnel, elle peut devenir une démarche générale valide. Elle devra alors composer avec les normes et les règlements pour permettre d’accéder, par exemple, aux prêts immobiliers et/ou aux allocations logements.

Les articles de ce dossier "Habitat rural : Quelles nouvelles dynamiques ?" présentent un certain nombre de ces expériences, faites pour la plupart en France. Toutes ont en commun la complexité de leur montage (financier, juridique, politique, administratif, réglementaire, organisationnel, technique...) et un long temps de mise en œuvre, dans un contexte souvent peu favorable.

Tous ces exemples montrent qu’à force d’utopie, de mobilisation collective et de forte implication personnelle, des actions originales, créatives et innovantes sont possibles. Il faut pour cela savoir convaincre et rallier la population locale et les administrations concernées, par des échanges et un dialogue régulier. C’est en devenant réellement collectifs que peuvent aboutir les projets les plus fragiles, quand ils sont considérés par tous comme un plus pour la vie territoriale, comme un meilleur vivre ensemble.

Avec le soutien du FEDER :