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Santé en milieu rural ?

 12 mars 2024

Depuis 2020, des échanges et réflexions se sont engagées dans Relier autour de la nécessité d’être soigné, d’avoir recours au système de santé existant, de prendre en main sa propre santé. C’est une question qu’on ne résout pas dans l’urgence d’une appendicite ou d’une rage de dents mais par des modèles alternatifs qui modifient peu à peu les mentalités. C’est ce type de modèles que Relier cherche à documenter.

On constate, avec la libéralisation du système médical, une concentration des moyens, une rentabilisation préjudiciable à des soins corrects, une difficulté d’accès aux praticien⋅nes. On constate aussi un manque d’effectifs dans les hôpitaux publics. Le personnel, aide-soignant⋅es, sages-femmes, infirmiers⋅ières, etc. se plaignent moins des salaires que des conditions de travail qui les épuisent et les conduisent à ne plus respecter les patient⋅es, soit la matière première sur quoi repose l’existence même du système de soins. Résultat : certain⋅es votent avec leurs pieds et prennent la tangente avant de craquer. L’aspiration au changement s’illustre par exemple par des reconversions vers des thérapies de maintenance, de remise en forme, etc.

Mais pourquoi ne pas prendre le problème par l’autre bout : celui de l’individu⋅e en bonne santé dont on doit préserver l’état de bien-être, avant que les modes de vie qui lui sont imposés et son ignorance ou sa perplexité devant d’autres façons de faire ne détraquent son équilibre ? La logique en action est celle du curatif mais dans une pénurie qui engendre des délais d’attente aberrants. Or, on pourrait espérer une autre conception de la santé, qui soit en amont de la pathologie. Et que cela se fasse dans une continuité prospective qui assure globalement son efficience : qualité de l’air, alimentation, énergie, habitat, mobilité quotidienne, relation au vivant etc. Ajoutons la question du couple santé/travail, sans oublier d’y inclure la dimension digitale et organisationnelle et le recul de l’Inspection et de la Médecine du travail. Travail manuel ou intellectuel ? Répétitif ou créatif ? Spécialisation gratifiante ou dégradante ? Salaires ? Charge mentale réelle et/ou ressentie ? Quel sens donner à l’activité, du proche au lointain ? On pourrait inclure dans la démarche de Relier la recherche des freins qui empêchent une évolution positive vers une prise en compte des réalités des lacunes du système de santé, de la gestion de sa propre santé par chacun⋅e.

Parcours du groupe santé/culture, perspectives & projets

Dès 2018, Relier s’est intéressé aux lieux d’accueil à vocation sociale et thérapeutique dans le cadre du programme Terreau. L’enquête menée auprès d’une dizaine d’initiatives a permis d’échanger sur leurs motivations, parcours et fonctionnements... Tout cela est à découvrir sur le webdocumentaire Escales sociales.

Lors du 1er confinement qui a fait suite l’épidémie de Covid 19, des échanges réguliers se sont tenus en visio sur notre façon de vivre et appréhender la santé dans ce contexte incertain et anxiogène. Une série d’entretiens ont ensuite eu lieu avec les membres de Relier intéressé⋅es par le thème de la santé et de la culture. Afin d’initier une dynamique sur ce qui bouge en matière de santé alternative, sur ce qui peut bouger dans les usages en cours dans les diverses structures de santé, nous avons décidé de lancer une action en plaçant la focale sur la ruralité. En se demandant si la pénurie actuelle est une fatalité ou une chance à saisir pour l’adoption de nouvelles façons de faire.
L’attention aux autres, la (re)prise de confiance en soi et la dimension soignante ressortaient déjà de l’étude réalisé avec Blanche Laskar sur les effets des tiers-lieux en milieu rural.

Fin 2022, Nous avons enclenché un travail sur le "projet-désir d’enfant en milieu rural, point focal de la société". Emmené par une administratrice de l’association fortement impliquée sur le sujet (F-E Morin, auteure du Petit manuel de guerilla à l’usage des femmes enceintes, 1984), un groupe d’échange bénévole s’est constitué et une volontaire s’est investie 4 mois en AFPR à partir de l’automne. Cela a donné lieu à un ensemble de recherches, visites et échanges pour mieux comprendre les motivations et fonctionnements de personnes et structures concernées et investies sur ces questions : des femmes et couples ayant fait le choix de l’accouchement à domicile, des maisons de naissance, maternités, espaces d’échange autour de la parentalité, des sages-femmes et doulas, etc. Au fil du travail, nous avons recueilli de nombreuses informations et ressources, des rapports de santé publique officiels aux initiatives alternatives, en passant par des films et podcasts.

Relier a ainsi jeté les bases d’une première journée de rencontres "naissance et petite enfance, questionner la norme", organisée en octobre 2023 en partenariat avec la maison de naissance Doumaia et la commune de Labruguière (Tarn).

Le travail de Relier est de repérer des signaux faibles et mettre en relation des dynamiques émergentes afin d’œuvrer pour le bien commun. Il s’agit ici de favoriser le développement d’initiatives pour travailler à l’évolution des mentalités et des pratiques dans les domaines du soin et de l’accompagnement à la naissance... et plus largement de promouvoir une approche d’habitant⋅e acteur⋅ice de sa propre santé et soucieux⋅se des enjeux de santé publique. La poursuite de l’exploration et l’organisation de nouvelles journées d’échange sont envisagées courant 2024-2025. A suivre !

Avec le soutien du FEDER :